Depuis près de 20 ans, le métier du BTP en France rencontre des difficultés de recrutement. Pourquoi les métiers du bâtiment ont autant de difficultés à recruter de nouveaux employés ? Pourquoi les jeunes générations ne s’intéressent pas à ces métiers ? Nous faisons le point sur les raisons des difficultés de recrutement du secteur du bâtiment en France.
La France fait notamment appel à des travailleurs détachés roumains, réputés pour leurs compétences dans ces secteurs en particulier.
Mais combien sont-ils exactement ?
Les métiers du BTP souffrent d’une mauvaise image auprès des jeunes, et ce depuis déjà plusieurs années. Un rapport du CREDOC (Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de Vie) de novembre 2005, intitulé Orientation et professionnalisation des jeunes dans le secteur du bâtiment, avait déjà soulevé cette problématique pour expliquer les difficultés croissantes de recrutement du secteur du BTP. D’après ce rapport, le bâtiment souffrait déjà d’une mauvaise image auprès des jeunes et comptait parmi les secteurs professionnels les moins attractifs, alors qu’il représentait à lui seul 8% des offres de recrutement en France.
L’explication à ce manque d’attrait pour le secteur du BTP est la même aujourd’hui : les jeunes qui se tournent vers ce secteur le font souvent non par passion ou par vocation, mais à cause d’un niveau scolaire jugé trop faible pour continuer dans la voie classique. De même, les élèves un peu turbulents, qui ne sont pas « adaptés » à la scolarisation classique, sont souvent réorientés vers ces métiers.
Ce n’est pas la seule explication à cette mauvaise image qu’ont les jeunes générations du secteur du BTP. Les métiers du BTP sont considérés comme dangereux, pénibles, mal rémunérés, et cette image leur colle à la peau !
L’éducation nationale a trop longtemps délaissé les métiers manuels. Résultat : les jeunes générations ont un niveau moins bon que les générations précédentes pour ce type de métier, notamment les métiers du bâtiment. Il y a donc un problème au niveau de l’attractivité des métiers du BTP, mais aussi au niveau de la formation.
Les entreprises du BTP regrettent un manque de personnes formées à proximité et donc une difficulté à attirer de nouveaux talents. D’ailleurs, les entreprises du BTP sont nombreuses à recourir à l’apprentissage pour recruter plus facilement de nouveaux employés et les former en même temps. Une autre solution souvent adoptée est de baisser leurs exigences : elles demandent un niveau de qualification et un niveau d’expérience plus bas pour trouver plus facilement des candidats, ainsi que souvent des salaires plus hauts.
Si les entreprises du BTP ont du mal à recruter, c’est donc aussi parce qu’il y a peu de profils disponibles, donc peu de choix pour les employeurs. Le confinement a eu un impact négatif sur le recrutement dans le BTP : de nombreux stages de fin d’études ou stages professionnels n’ont pu être menés à bien, et les candidats sont donc moins qualifiés. D’autant plus que la main d’œuvre venant de l’étranger, qui est importante pour le BTP pour pallier au manque de main d’œuvre en France, a été bloquée par les fermetures des frontières. Depuis fin avril 2021, les entreprises du BTP rencontrent encore plus de difficultés pour trouver des candidats. 80 % des entreprises du bâtiment peinent à recruter et 33 % des contrats en alternance n’arrivent pas à leur terme.
L’Observatoire du BTP a mené une enquête en interrogeant des représentants d’entreprises du bâtiment et des travaux publics. Les résultats de cette enquête montrent que 7 entreprises sur 10 anticipent des difficultés de recrutement dans le secteur du BTP, une proportion qui a fortement augmenté en seulement 5 ans. Certains métiers sont plus difficiles à trouver que d’autres, notamment les métiers de serrurier-métallier, maçon, couvreur, installateur d’équipements thermiques et climatiques, carreleur, peintre, charpentier, grutier ou menuisier.
Face à ces difficultés de recrutement, les entreprises du BTP se tournent de plus en plus vers une main d’œuvre européenne, formée dans des pays comme la Roumanie en vue d’un départ en France. Cette main d’œuvre a l’avantage d’être à la fois qualifiée et disponible, deux qualités que l’on trouve de plus en plus rarement en France chez les candidats aux métiers du BTP.
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